La plupart d'entre nous a souhaité un jour pouvoir accéder aux merveilles de l'univers : Qui n'a pas rêvé devant les superbes photos couleurs publiées dans les magazines spécialisés. Certains ont franchi ou pensent franchir un jour le pas en faisant de l'astronomie voire de l'astrophotographie un hobby.

Mais voila, tout se complique, il va falloir investir dans du matériel et dans ce domaine les conseils restent rares. Les années 90-2000 avec leur dérive "retour aux valeurs naturelles" ont vu naître un engouement nouveau pour l'observation du cosmos. Il est devenu  logique que "l'astro business" pouvait être lucratif. De ce fait, on a vu apparaître ça et là dans les grandes surfaces des offres alléchantes concernant ce type de matériel. L'éclipse totale de 99 à renforcer cette dynamique et aujourd'hui les pièges pour les novices sont nombreux et insidieux.

 

    - Analysons la démarche du débutant :

 

Il voit dans le magazine tartempion de superbes images hautes résolution couleur (produites par de grands télescopes) associées à du matériel bas de gamme du type lunette 60mm marque lambda ou télescope du même acabit. 

Il se dit, c'est simple avec le télescope 114/900 machin bidule à 990,99 F, je vais voir la même chose depuis mon petit balcon ou jardinet, en plus il est plus performant que la lunette PUISQU' IL GROSSIT 1000 fois !!! (la lunette de 60 mm n'étant donné que pour 300 fois).

            - PREMIER ÉCUEIL ET GROS PIÈGE :

LE GROSSISSEMENT AFFICHE n'a aucun intérêt, ce qui compte vraiment c'est la capacité à collecter les photons ou l'information lumineuse ainsi que le pouvoir séparateur de l'optique, c'est à dire l'aptitude à séparer deux points très proches. Donc les éléments primordiaux sont le diamètre du télescope ou de la lunette et SURTOUT LEUR QUALITÉ OPTIQUE.

Il est évident que tout cela se paie, et qu'il reste illusoire de penser pouvoir accéder à un bon télescope 114/900 avec oculaires, et doubleur de focale pour 1000 F alors qu'UN BON OCULAIRE SEUL DIGNE DE CE NOM COÛTE déjà 1000F ou plus a lui seul !!!

La plupart du temps ces achats ont une durée de vie environ égale à deux soirées d'observation. Le matériel est déballé mis en place puis l'observation commence avec une vision de la lune vaporeuse, floue, un Jupiter pour les plus chanceux qui ressemble à une boule blanche tremblante, et cerise sur le gâteau une recherche effrénée  des superbes objets vus dans la documentation et introuvables puisque invisibles, d'une part avec ce type de matériel, et d'autre part sans pose longue photographique.

Le matériel est donc remballé puis dirigé vers le grenier. L'ex-nouveau astronome amateur dépité se remettant assez vite à la ballade en VTT qu'il n'aurait jamais du quitter.  

En ce qui concerne nébuleuses et galaxies, les grossissement mis en oeuvre pour l'observation visuelle sont de l'ordre de 40 à 100 fois. Les solutions à haut pouvoir grossissant (lentilles de barlow ou oculaires) ne sont utilisées que pour le planétaire haute résolution et la lune.

Sachez de plus, que toute solution optique, lunette ou télescope possède un grossissement maximal théorique (G.M.T) au delà duquel il est illusoire vouloir aller (il existe d'autres facteurs limitants intervenant bien avant d'atteindre ce seuil comme par exemple la turbulence atmosphérique).  De manière empirique :

                                                            GMT = 2,5 X Diamètre (en mm)

Pour un télescope de 114/900 c'est à dire 114mm de diamètre et 900 mm de focale, ce grossissement est d'environ 280 fois. S'il s'agit d'un appareil vendu en grande surface divisez allégrement par 2 ce chiffre théorique voire par 3 si les oculaires utilisés sont du même ordre.  

 

    Maintenant pour débuter un télescope 114/900 de qualité semble être un excellent compromis. On trouve ce type de matériel chez des opticiens spécialisés aux alentours des 3000-4000 F. Pour se familiariser c'est l'idéal, avec ce type de matériel vous allez pouvoir découvrir l'observation en toute modestie, "apprendre" le ciel, la mise en station etc...

Certains sont vendus avec des montures équatoriales motorisées permettant le suivi de l'objet mais en aucune façon les poses photographiques.

        Vous allez pouvoir observer :

        - la lune et ses cratères dans des conditions acceptables avec un objectif de 6mm (environ 150 fois).

        - Jupiter dans les mêmes conditions de grossissement avec ses bandes équatoriales et la danse de ses 4 principaux satellites.

        - Saturne, ses superbes anneaux et leur division de Cassini (par faible turbulence), ses satellites.

        - Une modeste approche du ciel profond (ciel profond = objets hors système solaire faiblement lumineux comme les nébuleuses de notre galaxie la voie lactée, ou d'autres galaxies et amas d'étoiles) avec un oculaire de 15 à 20 mm (grossissement 45 à 60 fois) :

                        - Messier 42 la grande nébuleuse D'orion tache floue dans un 114mm, d'autres nébuleuses plus difficile à observer sauf dans un ciel de montagne,

                        - Les amas d'étoiles ouverts ou globulaires,

                        - Quelques galaxies assez lumineuses perçues comme de petites taches floues.

 

 

        - Phase 2 : Vous avez acheté un télescope d'initiation de qualité, vous en avez tiré la quintessence, vous êtes sur de votre engouement pour l'astronomie et voulez passer au stade supérieur : (la phase 2 peut également être la phase 1 et un gros investissement d'emblée fait avec discernement n'est pas une hérésie)

 

                - Deuxième écueil : SE FAIRE VIOLENCE ET NE PAS PRIVILÉGIER L'ACHAT D'UNE "GROSSE OPTIQUE" : 

De toute façon, pensez bien que les tarifs vont être boostés exponentiellement...

 

- Première question fondamentale : Vais-je un jour évoluer vers l'astrophotographie ou pas ?

En fait même si vous pensez que non, DITES OUI, car vous y viendrez tôt ou tard surtout depuis que la technique CCD a simplifié l'aspect purement photographique astreignant (tirage etc.).

DONC  si vous devez dépenser 20000 F, mettez 15000F dans la monture et 5000 dans le tube optique....Même si tout débutant veut investir dans un gros télescope et négliger la monture, pensez à l'opposé C'EST FONDAMENTAL pour être évolutif.

        Laissez tomber les montages altazimutaux  (je suis en train de me faire des amis), ou les montures à fourche  et investissez dans une bonne monture équatoriale type allemande qui seule va vous permettre un suivi de qualité pendant de longues minutes ABSOLUMENT nécessaire pour l'astrophotographie CCD de qualité.

 

Parmi lesquelles :    - VIXEN SP/DX et GP/DX : très performantes et économiques

                                - LOSMANDY G8 et G11 : excellentes mais plus chères.

                                - ASTROPHYSICS série GTO : le nec plus ultra (50000 F...)

En gros, elles devront être motorisées et INFORMATISÉES (quasi obligatoire pour le confort d'utilisation). Les prix vont de 20000F pour une VIXEN + ORDINATEUR DE POINTAGE SKYSENSOR 2000PC à 50000F voire 100000F pour les astrophysics. A noter que Franck Valbousquet (Optique et Vision) importateur exclusif LOSMANDY à ANTIBES a modifié G8 et 11 et les a couplé à un SKYSENSOR avec grand succès.

 

Pourquoi informatisées ?

Ceux qui ont déjà essayé de pointer une galaxie peu lumineuse dans un ciel de ville me comprendront....J'ai parfois passer 45 minutes à centrer une galaxie dans le champs de vue puisque malgré leurs coordonnées en déclinaison et ascension droite, une mise en station impeccable, les trouver dans un ciel lumineux relève parfois de l'exploit.

La fonction GOTO de ces montures vous centre parfaitement tout objet en quelques secondes.....La précision est telle que mon skysensor me place systématiquement tout objet dans le champs de la camera CCD (qui est bien inférieur au champs visuel du télescope).

Ce système piloté depuis le skysensor ou par l'ordinateur via le port série et un logiciel adapté (The Sky ou autres...) vous permet de pointer un objet de l'intérieur de chez vous d'un clic de souris....(sympa quand la température frôle les 0 °C en hiver).

 

        - Après la monture l'optique, question classique : lunette ou télescope :

Même si la lunette passe auprès de certains astronomes amateurs comme incontournable, il convient d'être beaucoup plus modéré :

Le télescope permet des diamètres souvent supérieur de 200 mm à 400 mm pour le matériel amateur typique. Ce sont dont des instruments performants, permettant une collecte lumineuse majeure. Ils sont économiques (par rapport aux lunettes) et souvent moins encombrants.

Les lunettes sont par contre moins sensibles à la turbulence atmosphérique, sont fermées donc moins perturbées par les remous d'air (ce dernier point est d'autant plus vrai que les rayons lumineux ne les traversent qu'une fois par rapport aux télescopes ou il existe un jeu de miroirs). D'autre part la déviation des rayons lumineux est quatre fois moins marquée pour des lentilles que pour les miroirs.

La lunette parait donc idéale, cela reste vrai à diamètre égal. Cependant le télescope permettant des diamètres très supérieurs le plus souvent reprend l'avantage.

D'autre part à diamètre égal la lunette est 5 à 20 fois plus chère.

Les plus grosses lunettes amateurs sont des 180 mm, l'entrée de gamme en télescope Schmidt-Cassegrain est le 200mm.....CQFD pour débuter (une 180 mm ASTROPHYSICS coûte plus de 200000 F, un 200 mm Celestron ou Meade moins de 10000F...).

    - Vous voilà bien équipé, que pouvez vous espérer voir ?

Sachez que même si le passage d'un 115 mm à un 200 mm, transforme totalement vos observations, même si vous distinguez très nettement l'atmosphère de Jupiter et sa tache rouge, si les amas globulaires apparaissent extrêmement bien résolus. Les nébuleuses et galaxies lointaines restent visuellement peu accessibles même si ce type d'instrument permet de "deviner" les bras spiraux de quelques galaxies.

Pour voir ce que nous montre les photos publiées ça et là, il FAUT INTÉGRER l'information stocker sur plusieurs minutes les photons alors que votre rétine n'intègre pas mais fonctionne en temps réel.  

Un petit exemple vaut mieux qu'un grand discours :

 

 

 

Voila, je ne cherche pas à ériger mes vérités en dogme mais simplement à éviter bien des désillusions qui pourraient décourager certains débutants. Faites vous une opinion personnelle et consulter des professionnels.

L'exemple ci-dessus n'est pas destiné à vous décourager mais à faire comprendre que vos prétentions devront être modestes au début. L'observation visuelle reste incontournable et la meilleure école préparant à l'astrophotographie. Entrainez vous à dessiner vos observations derrière l'oculaire, vous serez surpris de la quantité de détails retranscrits qui semblaient vous échapper au premier abord.

 

 

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